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Yug DRAFFOB , Vive la Vie

Sur la route de la vie, chacun de nous est Unique dans l'éternité comme dans l'infinité. Fierté et Modestie!

Nous avons échoué

Nous avons échoué

C'était l'été, il faisait beau, il faisait chaud, un quarteron de retraités du système social, mais pas encore de l'énergie personnelle, avait organisé une escapade fluviale sur la rivière Yonne.

L'aventure devant durer 4 jours, un grand bateau blanc, genre gros hors-bord, avait été retenu par nos futurs Marins d'eau douce. Cet engin était doté de deux cabines 100% équipées, une à la proue et l'autre à la poupe et d'une salle commune, un séjour cuisine, en partie centrale, c'était parfait. L'ensemble était propulsé par un modeste moteur plafonnant la vitesse à 10 km heure, en descente.

En quelques minutes, notre loueur format à la navigation le Capitaine et le Pilote et nous souhaitât: bon vent. Nous voici donc lâchés dans le monde très fermé des mariniers, une aventure..., pas moins de 12 écluses à traverser pour atteindre notre but extrême, la ville romaine d'Auxerre.

A ce moment de la lecture, j'entends votre questionnement silencieux: pourquoi tant d'écluses?  Voici donc la réponse qui est bien simple; nos anciens qui n'avaient pas le plaisir de connaitre ni la SNCF en grève, ni les camions sur les autoroutes devaient transporter les marchandises par voie d'eau. Aussi ils avaient consacré beaucoup d'énergie pour tempérer les rivières orgueilleuse dont les méandres, les bas-fonds où les rapides étaient des porte-mort. Le creusement de canaux permettait de domestiquer le lit de la rivière et la construction des écluses était destinée à diminuer le courant.

 Mais revenons donc à notre équipe de marins amateurs. Tout d'abord il faut noter que le gouvernail d'un bateau n'a d'efficacité que sous l'effet de la vitesse, et cela est à rapprocher de l'arrivée dans une écluse dont les solides parois ne sont guère plus larges que le bateau, il faut donc viser juste car notre engin ne dispose pas, non plus, de frein. Aussi souvent la vigie installée à la proue, légèrement effrayée, criait au pilote tout là-haut perché: à droite vite ou à gauche, ...cependant aucune pierre n'eut à pâtir de notre gentil voyage.

 Maintenant voici venu le moment de vous narrer notre histoire un tantinet rocambolesque. Nous ressortions d'une écluse et s'ouvre alors devant nous un grand espace couvert d'eau, la Yonne et le canal se sont réunis et ce site, de belle prestance, a été aménagé par les autochtones. On y a installé un quai de pêche puis derrière un terrain de boules et derrière encore un terrain de foot tandis que sur l'eau, au milieu de l'espace se trouve un ponton avec, et un peu plus loin deux bateaux rapides qui sont amarrés, sans doute pour un usage de ski nautique.

Pour compléter cet aimable décor, un bateau de plaisance est en attente sur notre gauche, en attente que nous ayons libéré l'écluse. Notre pilote décide donc de passer par la droite du ponton et l'embarcation vire légèrement pour exécuter la manœuvre, puis elle chemine lentement pendant quelques mètres, soudain on entend quelques bruits étranges et le bateau s'immobilise au milieu de l'eau.

 Un simple regard vers le fond nous apprend que notre embarcation se repose paisiblement sur un banc de cailloux et d'algues. Devant cette fatalité, l'équipage tout entier décide de tenir conférence pour chercher comment nous extirper de ce mauvais pas.

 Pendant ce temps les autochtones alentours semblent se gausser de ces apprentis marins  et nous abandonnent à notre désappointement. Cependant cela ne nous choque nullement car c'est sans doute ce que nous ferions à leur place et c'est d'ailleurs ce que nous fîmes une fois l'aventure digérée.

 Donc, première décision, nous lançons un SOS à notre loueur qui nous assure arriver sous une petite heure et qui nous propose, en attendant, d'alléger  l'embarcation en rejetant dans la rivière les 300 litres (donc kilos) d'eau sanitaire que nous avions embarqué en précisant que cela pouvait suffire pour nous libérer.

Entendant ce message, deux des plus courageux matelots décidèrent sans ambages de sauter dans leur tenue de bain et ensuite dans la rivière pour soustraire environ 150 kg de plus au poids de notre immobilité. L'affaire fut conclue en moins de 2 minutes et voila la moitié de l'équipage nageant dans environ 1m50 d'eau, avec des algues un peu partout. Ils se saisissent alors d'une corde d'amarrage pour tirer le bateau tandis que le pilote remet les gaz en marche arrière et petit miracle, en effet, nous repartons.

Malheureusement l'histoire ne s'arrête pas si facilement tant il est évident que les 2 baigneurs apprécieraient de remonter très rapidement sur le navire. Hélas,  ils ont beau en faire le tour, aucune échelle ou anfractuosité ne permet le rembarquement immédiat. Il ne leur reste plus qu'à se rapprocher du bord de la rivière à la nage. Hélas le courant est rude et gêne considérablement l'abordage de la rive. Enfin nos baigneurs parviennent hors de l'eau et il ne reste plus qu'au bateau à apponter à proximité.

Ouf, après cette bonne heure un peu tendue, nos quatre héros reprennent fièrement leur course sur la Yonne, point sans avoir annuler le SOS auprès du loueur. Et à chacune des écluses suivantes, l'éclusier nous interpellait avec un large sourire: alors c'est vous qui est vous étiez échoués? ,Certes le bateau s'est échoué, mais nous, nous n'avons pas échoué notre opération de sauvetage, ce qui nous permet de raconter  cette belle histoire encore aujourd'hui dans les veillées au coin du feu.

Yug DRAFFOB 2019

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