Réussir sa mort

Réussir sa mort

Pour chacun de nous, frères humains, la vie commence tout doucement pendant neuf mois et elle se termine généralement lentement mais aussi brutalement parfois, en tous cas de façon originale.

C'est seulement après plusieurs années de vie que notre esprit, notre volonté, nos désirs sont en mesure de s'imposer dans les choix qui vont guider notre parcours sur la planète terre.

Ensuite, pendant tout cet espace temps qui peut durer plusieurs décennies, nous avons tous un souhait: réussir "notre vie".

Et immanquablement, cette vie se termine un jour.

Cette fin de vie marquera forcément notre entourage privé et notre réputation publique le cas échéant.

Alors, à l'évidence, pour  réussir parfaitement sa vie, il faut aussi réussir sa mort.

Mais,  notre civilisation est très gênée de se positionner face à la mort, nous n'aimons pas en parler. C'est un peu curieux, car la mort est aussi naturelle que la naissance.  De fait, nous laissons cheminer notre fin de vie avec pour seule ambition de retarder le moment ultime aussi longtemps que possible.

De nos jours, la mort n'est pas un sujet de conversation dans les salons ni dans les bistros, et pourtant le fait d'en parler démystifierait ce moment inéluctable et par là même ordinaire. Comme il est dommage d'écarter ce sujet de discussions car parler, échanger, cela est toujours positif, cela fait du bien.

Dans la plupart des cas, nous pourrions avoir une action sur notre fin de vie. Mais, par paresse, peur ou surtout pour ne pas froisser notre entourage nous nous abstenons de toute intervention et nous laissons la nature et le corps médical garder la main.

Récemment, un homme public nous a donné un formidable exemple de réussite de la mort.

Jean d'Ormesson avait 92 ans, il se savait condamné à brève échéance. Durant toute sa vie, Jean d'Ormesson écrivain et homme public s'était fabriqué une image de fantaisie et de bonne humeur. Puis sentant venir la fin, Il a entrepris d'écrire son dernier ouvrage en guise d'adieu et sa vie s'est arrêtée brutalement dans la nuit même qui a suivie l'écriture de la dernière page.

Cet homme a magnifiquement géré l'image qu'il voulait donner de lui même. A de nombreuses occasions, il avait abordé le thème de la mort avec une grande sérénité.

Voilà ce que je souhaite pour chacun de nous quand cela est possible.

Yug Draffob